Le théâtre social : Qu’est-ce que c’est ?
Cette dénomination apparait dans une conférence de Jean Jaurès en juillet 1900. Jean Jaurès ne donnait pas à ces termes la signification actuelle, mais la dénomination est restée.
De nos jours ces termes de théâtre social (1) regroupent des activités diverses, dans les arts du spectacle, dont l’objectif majeur est d’interroger le « comment vivons-nous ensemble ? »
Ils recouvrent une pratique qui se sert du théâtre comme outil dans le travail social, et il a comme base deux fondamentaux :
- Tout être humain possède le langage théâtral (2),
- Le théâtre peut et doit être un outil pour changer l’humain et donc le monde.
Le public du théâtre social c’est l’ensemble des personnes les plus éloignées des institutions culturelles :
- Soit totalement en rupture avec la société : alcooliques, drogués, prisonniers, jeunes déscolarisés, etc…
- Soit plus simplement des personnes dont l’estime de soi a été gravement malmenée au cours de leur vie (difficultés scolaires, périodes de chômage, précarité, difficultés sociales diverses) et qui ont perdu peu à peu la pratique des usages sociaux et développé des attitudes d’évitement, voire de retrait.
Le théâtre social propose des pratiques ancrées dans le réel dont l’objectif est l’émancipation tant individuelle que collective. Il n’est plus, alors, considéré comme un divertissement mais considéré plutôt comme un outil de promotion social. Ses pratiques permettront aux participants, à travers l’ensemble des interactions qui vont se mettre en « jeu », de sortir de leur isolement, de dépasser la perception de leurs difficultés personnelles pour accéder à une vision élargie de leurs réalités grâce au collectif.
(1) - Parfois appelé théâtre des opprimés
(2) - « Tout est langage au théâtre, les mots, les gestes, les objets, l’action elle-même car tout sert à exprimer, à signifier. Tout n’est que langage. La parole est continuée par le geste, le jeu, la pantomime ». Eugène Ionesco
Les Comédiens et le Théâtre social
L’ Association « Les Comédiens », créée en 2010 à l’initiative de Julie Mauduech, souhaite ouvrir ses activités aux groupes de personnes en souffrance, ou le plus éloigné des institutions culturelles.
Dans un premier temps, ces activités cibleront les demandeurs d’emploi, qu’ils soient chômeurs de courte ou longue durée. Toutefois cette restriction n’est pas absolue et peut faire l’objet d’aménagement.
Le travail se fera sous forme d’ateliers gratuits de 3 heures/jour pendant 5 jours, à une fréquence de trois fois dans l’année, lors des vacances scolaires de Toussaint, Carnaval et Pâques, soit un total annuel de 45 heures/personne.
Un calendrier plus précis sera bien entendu à définir avec les instances concernées.
L’objectif de ces ateliers est de proposer un environnement propice à l’expression et à la libération des problématiques des participants et s’entend presque comme « une thérapie sociale ».
Ces ateliers n’ont pas un but de production finale. Leur objectif est :
- De rendre la parole à ceux qui n’osent pas dire et se dire,
- De se réapproprier une place et une parole,
- De partager les expériences, de les mettre en commun,
- D’aider à restaurer l’estime de soi,
- D’aider à mieux se percevoir comme individu dans son corps et son langage,
- De manier de façon plus claire et concrète toute sorte d’énonciations,
- De donner du plaisir à être « acteur », dans une perspective d’émancipation individuelle et collective.
Une émancipation individuelle car, par le jeu, les participants vont expérimenter des émotions, des sensations, voire des pensées nouvelles. Le jeu va les aider à sortir de leur quotidien pour peut-être accéder à un nouveau « Je ». Et une émancipation collective à travers des mises en scène qui, par les interactions qu’elles vont amener, donneront de l’écho à des émotions ou des paroles étouffées.
Le travail s’articulera autour de la voix, de l’articulation, des mots , du langage, du corps, du mouvement, etc… mais aussi de l’écoute.